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LA LETTRE DU MEDIATEUR

Monsieur le Président de la République,

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,


Le rapport pour 1997 couvre la sixième et dernière année de mon mandat de Médiateur de la République. I1 achève ainsi de rendre compte de la mission qui m'a été confiée en mars 1992.

J'ai souhaité que les thèmes traités illustrent, une fois encore, par leur actualité et leur importance, certaines de mes priorités et traduisent celles que m'ont inspiré les dizaines de milliers de réclamations transmises par des parlementaires. Ces priorités ont guidé l'action de l'Institution et de tous ceux qui, à mes côtés, l'ont si loyalement servie:

- la recherche d'une plus grande équité dans la relation entre les citoyens et les services publics: associée à un accès simplifié, à un accueil amélioré, à une écoute plus attentive, et à un dialogue personnalisé, elle sera source d'une efficacité accrue de notre appareil administratif et d'une meilleure cohésion sociale;

- la volonté d'une proximité toujours plus grande à l'égard des citoyens, de leurs problèmes concrets, de leurs préoccupations quotidiennes, de leurs attentes réelles;

- l'affirmation d'une solidarité renforcée envers les plus démunis, qui sont les plus vulnérables, par une contribution volontaire à la lutte contre toutes les formes d'exclusion sociale et une participation active à la défense des droits de l'homme.

J'ai tenté, aussi, de donner une nouvelle et forte impulsion au nécessaire rayonnement international de la médiature: en aidant les pays qui souhaitent se doter d'institutions analogues - particulièrement ceux qui découvrent, retrouvent ou confortent la démocratie et l'État de droit -, en soutenant la création d'une association des médiateurs francophones, et en participant activement à la coopération entre les médiateurs européens.

C'est dans cet esprit et dans le cadre de ces axes privilégiés que j'aborde pour la première fois, dans ce rapport, au travers des cas dont j'ai été saisi, la question si sensible et actuelle du droit des étrangers, et que je rends compte de mon action dans ce domaine.

C'est aussi pour tenir compte de ces priorités que j'ai voulu revenir sur l'action des Cotorep, afin de constater les progrès réalisés, mais aussi les difficultés qui demeurent, l'insuffisance des moyens, la persistance des lenteurs,... qui concernent une population handicapée, fragilisée par la dégradation du contexte socio-économique.

Chaque année, des milliers de compatriotes rencontrent des problèmes d'état civil. J'ai souhaité les évoquer, les décrire et proposer des remèdes.

J'ai voulu également présenter le champ d'intervention de l'Institution à l'égard des agents des collectivités territoriales: un chapitre de ce rapport y est consacré.

La réglementation fiscale est complexe; elle évolue rapidement. Nombre de nos concitoyens sont confrontés à des changements dont ils ne mesurent ni la nature, ni la portée, et dont ils ignorent parfois jusqu'à l'existence. A travers des exemples précis tirés des dossiers reçus, j'explique ce que peut être le rôle d'information, d'assistance et de proposition du Médiateur en cette matière.

J'évoque en outre les grands rendez-vous internationaux qui ont marqué pour notre institution, l'année 1997: le 1er congrès des médiateurs et ombudsman de la francophonie à Québec et la 6e conférence des médiateurs nationaux européens à Jérusalem.

Le rapport annuel est aussi le bilan d'un an de travail, celui de mes collaborateurs à Paris et de mes 124 délégués départementaux: une sélection de cas significatifs, la présentation des réformes proposées aux pouvoirs publics, l'agenda des principales activités, la synthèse des données statistiques - qui témoignent d'une nouvelle progression des réclamations enregistrées et traitées - permettent de mieux cerner l'ampleur du travail accompli.

Au terme de cette année 1997, et de l'échéance de mon mandat, je veux exprimer à tous ceux qui y ont été associés ma profonde reconnaissance: sans leur dévouement, sans leurs compétences, leur imagination, leur détermination, voire leur pugnacité, rien n'aurait été possible.

C'est à eux, à eux tous, que je dois d'abord d'avoir vécu pendant six ans cette expérience d'une rare intensité et d'une exceptionnelle richesse. Du fond du coeur, je les remercie. Grâce à eux, l'Institution est plus connue, en France et dans le monde. Elle a gagné en crédibilité. Elle a confirmé son indépendance. Malgré l'augmentation des dossiers et leur complexité, le temps de traitement a diminué; le nombre de médiations réussies a progressé, comme celui des propositions de réforme prises en compte.

Que les agents publics, et en particulier mes correspondants dans les différents départements ministériels et les élus qui ont bien voulu nous entendre et suivre nos avis, nos recommandations, nos propositions de réforme, soient aussi chaleureusement remerciés.

Pour toutes ces raisons, j'éprouve, à la fois, une légitime tristesse d'avoir à quitter cette institution qui m'a donné tant de satisfactions, et une grande espérance à l'idée que mes successeurs, en reprenant le témoin qui m'a été transmis dans les meilleures conditions par mon prédécesseur, Paul LEGATTE, poursuivront l'oeuvre commune.

En 1998, le Médiateur de la République célébrera solennellement son vingtcinquième anniversaire.

Un quart de siècle, au cours duquel chaque Médiateur aura apporté sa pierre à la construction des fondations et de l'édifice, qui font que cette institution au service du citoyen repose sur un socle stable et solide, et tient une place reconnue et confortée dans notre Etat de droit.

Les 5 et 6 février, un colloque réunira à la Sorbonne, à mon initiative, des personnalités et des experts de grand renom. Un timbre sera émis dès le premier jour de cette manifestation, et un site Internet y sera inauguré.

Le présent rapport, préparé et publié avec un mois d'avance, y sera distribué.

Ce colloque permettra d'évoquer, après 25 ans d'existence, le bilan et les perspectives d'évolution de l'Institution. Je pense, par exemple, à la question de l'élargissement de la saisine, à l'amélioration de la capacité d'investigation et de contrôle, au renforcement du pouvoir de proposition de réforme par l'"auto-saisine", ainsi qu'au statut constitutionnel dont il faudrait doter l'Institution.

I1 sera aussi l'occasion d'élargir le débat aux enjeux et à l'avenir de la médiation, sous toutes ses formes, dans une société où il faudra veiller à ce que l'explosion des technologies modernes ne vienne ni aggraver la complexité des circuits d'information et de décision ni accroître, finalement, l'indifférence, l'égoïsme, la solitude et l'exclusion ... au contraire, qu'elle se mette au service de la diffusion du savoir et de la solidarité, au service de l'homme.

Ce sont ces défis qu'il faudra aussi relever. Mais c'est déjà une autre histoire ... et je forme des voeux sincères et fervents pour ceux qui auront à l'écrire.

Croyez, Monsieur le Président de la République, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, à l'assurance de ma très haute considération.

               Jacques PELLETIER Le 4 décembre 1997


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