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LA LETTRE DU MEDIATEUR

Monsieur le; Président de la République, Mesdames et Messieurs les Parlementaires.

En 1996, comme chaque année, des dizaines de milliers de nos compatriotes et d'étrangers, en litige avec l'administration française, se sont adressés au Médiateur de la République: ils dénonçaient le mauvais fonctionnement d'un service public, un manque de dialogue, un déficit d'explication ou d'accueil; ils s'estimaient lésés par une décision perçue comme inéquitable; ils ignoraient à quelle porte frapper; de plus en plus souvent, dans le labyrinthe des procédures, ils se sentaient perdus, parfois même désespérés...

Nous avons essayé, avec mes collaborateurs à Paris, et mes délégués départementaux, de les entendre, de les comprendre, de plaider leur cause quand elle nous semblait juste, d'orienter et d'accompagner leurs démarches, de les aider.

Notre monde change. Dans le même temps, dans le même mouvement, il devient plus complexe, anonyme, plus indifférent aussi. La modernisation des techniques, la sophistication des moyens de production et de communication, comme l'internationalisation des échanges modifient les références et commandent à nos sociétés d'évoluer, de s'adapter.

Nos systèmes de régulation, nos règles de protection sociale se compliquent parfois jusqu'à la confusion; nos dispositifs juridiques se superposent et s'enchevêtrent au risque d'en déranger l'ordonnancement, et de les rendre inintelligibles.

Avec la crise économique, certains de nos concitoyens restent au bord de la route.

I1 n'est pas possible de s'y résigner.

Dans ce contexte, rendre les services publics plus simples, plus accessibles, plus proches des citoyens, plus accueillants, transparents et ouverts au dialogue, à l'information, à la transaction, parfois plus équitables, et finalement toujours plus cohérents et efficaces relève d'une nécessité impéroeeuse et permanente.

Les rendre, en même temps, plus solidaires, attentifs aux plus fragiles et aux plus démunis m'apparaît comme une dimension complémentaire et tout aussi indispensable de la réflexion et de l'action à mener.

C'est dans ce sens que l'on doit trouver le fil directeur de la réforme de l'État, en plaçant le citoyen, ses problèmes, ses attentes et ses besoins au coeur des politiques publiques.

Je m'efforce d'y contribuer à la place qui est la mienne et dans le cadre de la loi qui a fixé mes compétences.

J'ai voulu que, dans ce rapport, les sujets traités illustrent ces priorités de solidarité et de proximité de nos services publics.

J'avais rédigé, en 1995, une contribution à la lutte contre l'exclusion, en proposant notamment des mesures en faveur de la citoyenneté des sansdomicile fixe, dont certaines ont été, depuis, mises en oeuvre, ou figurent dans le projet de loi relatif au renforcement de la cohésion sociale. J'ai poursuivi et complété en 1996 ce travail, avec un chapitre sur le logement, les difficultés d'y accéder et de le conserver m'apparaissant comme l'un des premiers symptômes de la " fracture sociale ".

C'est aussi dans cet esprit que j'aborde la question des lenteurs dans le déroulement des procédures contentieuses à caractère social, d'autant plus choquantes qu'elles peuvent concerner des catégories de population en grande difficulté.

La pratique de la mobilité dans la Fonction publique doit être, beaucoup plus qu'aujourd'hui, encouragée et valorisée. Elle sert, en effet, tout particulièrement les objectifs de proximité de l'Administration, et favorise sa modernisation en permettant notamment d'acquérir une expérience incomparable et irremplaçable.

Cette année, j'ai souhaité également souligner l'originalité et l'efficacité de l'action de notre Institution dans le domaine fiscal, marqué par une pratique ancienne du règlement amiable des litiges.

Dans le prolongement de mes travaux antérieurs relatifs à la protection des droits de l'homme, j'évoque aussi, pour la première fois, le nécessaire respect des droits des détenus.

Je rends compte, par ailleurs, des deux évènements internationaux qui ont marqué 1996: la réunion des médiateurs européens à Chypre et le Congrès mondial des ombudsman à Buenos Aires.

Enfin, comme chaque année, j'établis dans ce document un bilan d'activité, (en distinguant l'action de la médiature à Paris de celle de nos 123 délégués départementaux, véritables équipes de " médiation de proximité "), je présente des cas significatifs et je fais le point des propositions de réforme que j'ai été amené à formuler auprès des pouvoirs publics.

Au moment où j'écris ces lignes, l'Assemblée nationale commence l'examen du projet de loi relatif à l'amélioration des relations entre les administrations et le public.

Dans ce texte, qui s'inscrit dans le cadre de la réforme de l'État, et qui pourra encore être enrichi et amélioré par le Parlement, le Gouvernement confère une place importante au Médiateur de la République dont le rôle se trouve conforté et étendu.

Je vois pour ma part, dans cette reconnaissance de l'Institution, la récompense des efforts constants déployés par l'ensemble de mes collaborateurs au service de nos concitoyens, et du fonctionnement de l'État de droit dans notre pays.

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président de la République, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, l'assurance de ma très haute considération.


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