LA GESTION INFORMATISÉE DES DOSSIERS DU MÉDIATEUR DE LA RÉPUBLIQUE



I. HISTORIQUE ET ÉTAT ACTUEL

Créée en 1973, l'Institution envisage dès 1978, sous le mandat d'Aimé PAQUET, de se doter de moyens informatiques avec l'objectif " d'obtenir une plus grande efficacité dans la recherche et le traitement des dossiers, en même temps qu'une exploitation plus rigoureuse des informations " (Rapport 1978).

C'est pendant l'été 1979 que le GCAM (filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations) installe à la Médiature le premier système informatique de gestion des dossiers composé d'un ordinateur BULL 61 DPS, de quatre terminaux de saisie et d'interrogation et de deux imprimantes.

Quatre mois après sa mise en place, le Rapport 1979 note : " l'efficacité (de ce système) se manifeste par une célérité plus grande dans le traitement des dossiers ".

Le Rapport 1981 souligne les avantages que procure ce système informatique : amélioration de la circulation des dossiers à l'intérieur de l'institution, meilleure connaissance de l'ensemble des dossiers traités et de leur état d'avancement grâce au traitement systématique des informations reçues, identification aisée et rapide des dossiers et des questions qu'ils posent grâce à une nomenclature des problèmes juridiques et une typologie de la " mésadministration ".

L'informatique est alors présentée par le Médiateur, Robert FABRE, comme " un moyen important et déterminant pour mieux maîtriser ses propres informations et celles qui lui sont transmises " (Rapport 1981).

Mais ce système s'avère bientôt insuffisant pour répondre à la croissance des dossiers et devient difficile à gérer en raison de l'obsolescence d'un matériel rapidement dépassé par l'évolution technologique, dont la maintenance s'avère en outre impossible faute de techniciens aptes à le réparer.

Il parvient malgré tout à être maintenu en état de fonctionnement pendant trois ans et même enrichi par des logiciels complémentaires qui permettent d'assurer la gestion des dossiers et les fonctions statistiques. À bout de souffle, il est abandonné en 1989, et avec l'installation de l'institution dans ses nouveaux locaux, Paul LEGATTE, alors Médiateur, la dote d'un système entièrement nouveau.

Selon son promoteur, il s'agit de mettre en place un système " utile au Médiateur mais capable de fournir au Gouvernement de précieuses informations sur la marche des services publics " (Rapport 1989).

Les objectifs sont alors :

- d'assurer sur un même outil les fonctions de gestion des dossiers et de réalisation des courriers ;

- d'assurer des fonctions de recherches, des plus simples aux plus complexes ;

- de disposer d'un outil statistique ;

- de disposer d'un outil informatique souple et évolutif permettant de répondre aux besoins nouveaux (matériel et logiciel) de la Médiature et d'envisager l'avenir à moyen terme sans remise en cause fondamentale de l'outil choisi.

Proposant le logiciel le plus adaptable à la spécificité de l'activité du Médiateur, la Société CIEE (Conseil Informatique pour l'Équipement des Entreprises) est choisie et met en place l'application actuelle dénommée AGORA (Aide à la Gestion par Ordinateur des Réclamations des Administrés).

C'est une configuration minimale correspondant à une situation de démarrage qui est installée en novembre 1989 avec un micro-ordinateur OLIVETTI XP9, six postes de travail et deux imprimantes. Elle assure en 1992, avec treize postes de travail et huit imprimantes, la gestion de 15 000 dossiers.

Mais c'est en 1993, sous le mandat de Jacques PELLETIER, que cette installation connaît une extension majeure avec une augmentation importante du nombre de postes de travail et des imprimantes, la mise en place d'un serveur télématique pour les délégués départementaux du Médiateur et d'une station d'archivage sur disque optique numérique.

Il s'agit en effet de doter chaque personne assurant des fonctions de dactylographie, de suivi des dossiers, de mise à jour des fichiers, d'un poste de travail unique, confortable, et de permettre à chacun de pouvoir consulter rapidement un dossier à l'écran lors de ses déplacements dans les trois étages de l'immeuble qui abrite l'institution.

Pour ce faire, trente et un postes de travail (platines AXEL et micro-ordinateurs OLIVETTI en émulation asynchrone) et douze imprimantes, pilotés par deux micro-ordinateurs OLIVETTI LSX 5025, sont mis à la disposition du personnel de la Médiature.

Un troisième micro-ordinateur gère enfin une station d'archivage des dossiers anciens (lecteur de disque optique numérique MAXOPTIX) et un serveur télématique qui permet aux délégués départementaux du Médiateur d'accéder aux dossiers de leur département par l'intermédiaire d'un simple minitel.

L'ensemble de cette configuration assure les fonctions suivantes :


II. L'IDENTIFICATION RAPIDE DES COURRIERS ET DES DOSSIERS

Pour gérer les réclamations nouvelles qui lui sont adressées et orienter les correspondances (rappel de ses interlocuteurs, pièces complémentaires, réponses des administrations à ses interventions relatives à des dossiers qu'il a reçus, en cours d'examen ou dont l'examen est terminé) : ainsi le Médiateur peut identifier facilement les dossiers et les courriers relatifs aux dossiers.

Dès son arrivée, chaque réclamation est constituée en dossier et enregistrée sur le système informatique sous un numéro. Sont saisies des informations relatives à l'identité et au domicile du réclamant et est affectée une identification thématique précisant le domaine de la réclamation; en outre, le dossier est rapproché des fichiers existants - parlementaires, délégués, lieux des litiges - gérés par l'application.

Un tri est ensuite effectué pour isoler les réclamations recevables relevant de la compétence du Médiateur, de celles qui échappent manifestement à ses attributions ou ne répondent pas aux exigences formelles de la loi.

Ces dernières font l'objet d'une réponse argumentée adressée dans les quatre jours à leurs auteurs, au moyen de courriers automatisés utilisant les zones renseignées du dossier.

Les autres réclamations sont confiées, en fonction de leur objet, à des secteurs qui disposent de compétences spécifiques dans les matières : fiscale, sociale, urbanisme, justice, pensions d'agents publics et administration générale. L'auteur de la réclamation est aussitôt informé par l'intermédiaire du parlementaire qui a transmis le dossier de sa mise à l'examen, au moyen d'un accusé de réception entièrement automatisé.

Dès ce stade, il est possible, par une recherche informatique simple et rapide, à partir d'un ou de plusieurs éléments d'identification saisis lors de la création du dossier, de retrouver un dossier et de rapprocher un courrier du dossier qu'il concerne.


III. LE SUIVI ET LE CONTRÔLE DE L'ÉVOLUTION DES DOSSIERS

Lors de l'examen du dossier, il importe au Médiateur d'être toujours en mesure d'informer ses interlocuteurs sur l'évolution du dossier et de suivre et contrôler cette évolution.

L'examen du dossier donne lieu à des interventions écrites ou téléphoniques auprès des administrations ou organismes publics mis en cause par le réclamant. Il nécessite aussi parfois des courriers intermédiaires au parlementaire, au Délégué départemental. Toutes ces interventions sont notées et datées dans l'agenda du dossier.

Les organismes auprès desquels le Médiateur intervient sont également repérés (par création d'un lien avec le fichier des organismes).

Tous ces courriers sont archivés dans le parapheur du dossier et visualisables in extenso. Ils sont réalisés au moyen de trames préparées pour puiser directement dans le dossier les informations qui s'y trouvent.

Mises à jour en temps réel, les informations de l'agenda sont disponibles directement à l'écran et permettent de renseigner le réclamant ou le parlementaire sur l'état d'avancement du dossier.

Par ailleurs, l'application permet un suivi des dossiers qui serait difficile en procédure manuelle compte tenu du nombre de dossiers, de courriers et d'interventions.

Chaque courrier est affecté d'une date d'alerte qui permet de repérer les dossiers " en sommeil " pour lesquels un rappel ou une relance sont nécessaires.

La liste des dossiers obtenus peut générer automatiquement des lettres de relance et des courriers d'attente lesquels seront en même temps renseignés dans l'agenda du dossier.


IV. L'ARCHIVAGE DES DOSSIERS TERMINÉS SUR DISQUE OPTIQUE NUMÉRIQUE

Lorsque les dossiers sont terminés, le Médiateur veut les conserver en mémoire mais sans qu'ils prennent trop de place.

Les dossiers terminés sont gardés sur l'application pendant environ deux ans après leur date de clôture. Ils demeurent consultables à l'écran et fournissent tous les éléments d'information décrits ci-dessus. Les dossiers plus anciens sont archivés sur un disque optique numérique et accessibles par l'intermédiaire d'un lecteur. Une recherche rapide permet de les identifier. Pour une consultation complète, ils peuvent être désarchivés et réintégrés temporairement dans l'application.

Présents sur le disque optique, ils ne surchargent pas l'application et permettent de conserver de bons temps d'accès aux informations sur les autres dossiers. Facilement extractibles, ils restent à portée de main en cas de besoin et évitent, dans bien des cas, le rapatriement du dossier physique, archivé à Fontainebleau (Archives Nationales).

Ainsi, tout au long de la vie du dossier et au-delà, l'application donne les moyens de gagner en efficacité, en fiabilité :

- grâce à une grande disponibilité du système (12 heures par jour et plus) et à une mise à jour en temps réel;

- grâce à une structure du dossier en arborescence : appel à des fichiers mis à jour et enrichis régulièrement;

- par un accès rapide aux dossiers en cours, terminés et archivés;

- par la réalisation de courriers fusionnant les informations saisies dans le dossier et dans les fichiers (fiabilité des données, relectures facilitées, qualité des courriers);

- par un suivi systématique des interventions sur le dossier.

L'ensemble de ces informations permet à l'institution de réfléchir sur elle-même, d'informer ses divers interlocuteurs en France et ses homologues à l'étranger.

Réfléchir sur elle-même : sa pratique, son fonctionnement par l'exploitation croisée des éléments d'informations saisis, d'abord en réalisant des statistiques, ensuite en faisant apparaître des dysfonctionnements plus prononcés ici que là, des situations qui se répètent et permettent d'envisager une proposition de réforme. L'informatique constitue un instrument précieux d'aide à l'orientation de l'action du Médiateur en fonction des résultats obtenus et des problèmes mis à jour.

Informer ses interlocuteurs :

- Le Président de la République et le Parlement d'abord, au travers du Rapport annuel, dont les thèmes et les cas sont repérés grâce à l'application ;

- Les délégués du Médiateur, collaborateurs de terrain et auxiliaires indispensables à l'action du Médiateur qui, grâce à la liaison minitel, sont mieux associés au travail de l'institution et mieux informés ;

- Les parlementaires, les Ombudsmän - ses homologues - auxquels le Médiateur peut s'adresser facilement par des courriers en nombre grâce aux informations contenues dans les fichiers qu'il gère et à partir desquels il peut sélectionner, sur critères, les destinataires de ses messages.

Dotée de ces équipements performants et évolutifs, l'institution peut aujourd'hui envisager sereinement le moyen terme pour faire face à ses besoins nouveaux et à la croissance de son activité tout en conservant et en améliorant sa productivité et la qualité des services rendus.


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